• Chapitre 4

    Kalian, Eileen, Faye, Lucas, Etienne,Mary et Amandine, attendaient devant la salle où ils allaient écouter un briefing sur leur prochain grand test. Ils ne parlaient pas, ils s’occupaient seuls, le regard perdu comme si ils réfléchissaient à une question métaphysique, ou écoutaient de la musique pour certains. Le temps semblaient suspendu et même Eileen passait inaperçue pour une fois, perdue dans son monde imaginaire aux profondeurs insondables.
    Mary, qui avait un don manifeste pour se tenir au courant des dernières nouvelles, leva une main interrogatrice avec un air relativement ahuri, et demanda :

     

     - Euh, au fait, pourquoi on est là ?

     

    Tout le monde se retourna vers elle avec un air blasé, ou soupira de désespoir, mis à part Eileen qui gardait résolument les yeux dans le vague. Une âme charitable qui n’était autre qu’Amandine, répondit à sa question :

     

     - Ils vont nous expliquer en quoi consiste notre prochain test.
     - Ah ok …

     

    Le peu de conviction qui avait été mis dans de ce dialogue aussi fourni qu’instructif disparut immédiatement et l’ambiance revint au beau fixe.
    Environ deux minutes s’écoulèrent avant l’arrivée du professeur. M.Koutel ouvrit la salle et la foule s’engouffra dans les lieux aussi vite que leur motivation le leur permettait, c'est-à-dire pas très vite.
    Après avoir fait l’appel, le professeur commença :


     - Bonjour à tous, je suppose que la plupart d’entre vous sait déjà pour vous êtes là, mais rappelons tout de même les bases pour les quelques rares qui n’auraient absolument rien suivi de ce qu’on leur raconte depuis deux bonnes semaines environ, et je sais qu’il y en a. Tout alors je vais vous parler de votre prochain « C.A.A.P », ou Contrôle d’Avancée des Aptitudes Principales. Bon le nom n’est pas très important, d’autant que c’est sans doute la première fois qu’on vous le sort, mais bon, au moins vous comprendrez si on vous parle de « C.A.A.P ». Ce test consiste à dresser un bilan de votre progression dans la maîtrise de votre capacité. Il aura lieu à Ozon, une cité périurbaine désaffectée pour diverses raisons qui ne nous intéressent pas pour le moment, et qui sert aujourd’hui de zone d’entraînement ou de test pour le lycée depuis son rachat par ce dernier. Bon, ça c’était pour la petite présentation générale. Y a-t-il déjà des questions ?

     

    Le professeur fit un bref tour de salle du regard et s’attarda sur une main qui dépassait de la mer de têtes.


     - Oui ?

     

    Matthieu, un élève de seconde année comme eux, connu pour ses facultés de télékinésiste, se leva et demanda :

     

     - Pour quelles raisons une zone habitée serait-elle laissée à l’abandon et pourquoi avoir choisi cet endroit précis pour organiser des tests ?
     - Comme je l’ai dit cela ne nous intéresse pas aujourd’hui, ni demain ni un autre jour d'ailleurs. C’est classé confidentiel. Si vous avez besoin de telles information pour la réussite d’une mission ou une tout autre raison au moins aussi valable, vous en serez informés en temps voulu. Autre chose ?

     

    Matthieu se rassit, et la salle retomba dans le calme. M.Koutel attendit deux petites secondes avant de poursuivre : 


     - Bien, alors maintenant, entrons un peu plus dans les détails. Vous allez être soumis à une batterie de tests visant à déterminer votre niveau de maîtrise dans la première partie de la journée, puis, en deuxième partie, un test par équipe sera organisé. Lors de ce test vous devrez atteindre un objectif en respectant certaines contraintes. Vous recevrez vos résultats dans les jours qui viennent. Ces résultats correspondront au pourcentage de réussite suivant les compétences évaluées. Des questions ?

     

    Nouveau balayage du regard, nouvelle main levée.

     

     - Oui, Rose ?
     - Lors des épreuves par équipe, comment seront choisies les équipes ?
     - Et bien le lieu est divisé en plusieurs sections qui comportent chacune des difficultés propres. L’effectif des équipes sera fait en fonction de ces difficultés, et les élèves répartis en fonction de leurs capacités de manière à remplir les effectifs souhaités.
     - Et on pourra quand même choisir un minimum où on sera affecté ?
     - Si ça rentre dans la formation prévue et que vous pouvez justifier votre choix oui bien sûr.
     - D’accord, merci.

     

    Le briefing continua ainsi une bonne heure, lors de laquelle furent abordés différents points plus techniques et certaines questions purement administratives.

    Le départ fut fixé au lendemain matin.

     

    *

     

    Cela faisait vingt minutes que tous les élèves attendaient au point de rendez-vous. Comme par hasard c’était le jour le plus froid de la semaine. Le groupe d’amis avait formé un cercle dans le but de se réchauffer, et les plus malins jouaient des coudes pour atteindre la place stratégique dite « du milieu du paquet »

     

     - Purée de céleri, ils ont bien choisi leur jour pour arriver en retard on se les gèle se plaignit Amandine.

     - Ne commencez pas à râler, Amandine, l'interpella son professeur. Les autres intervenant vont arriver d'une minute à l'autre !
     - Ils ne sont pas méchants à ce point. Ils n’ont pas choisi d’être en retard aujourd’hui exprès c’est plutôt une sorte de tradition répondit Étienne.
     - Heureusement qu’ils nous on dit d’arriver en avance.


    Sur ce, les professeurs arrivèrent, la plus calmement du monde, pour certains accompagnateurs une tasse de café dans la main, et firent l’appel dans la plus grande anarchie. Après avoir laborieusement noté la présence de tout le monde, ce qui leur prit facilement dix bonnes minutes, les bus se remplirent rapidement d’élèves transis de froid.
    Le car démarra. Chacun s’occupait dans son coin. Lucas et Étienne écoutaient de la musique et Eileen débattait apparemment de politique internationale avec un écureuil visible uniquement par cette dernière. Amandine, qui était toute excitée à l’idée de sortir de sa chambre pour faire autre chose que manger ou aller en cours, harcelait sans cesse sa voisine qui n’était autre que Faye et qui n’avait manifestement pas dormi depuis longtemps. Kalian et Mary qui semblaient indifférentes aux récents événements, discutaient tranquillement de tout et de rien. Le voyage se déroula sans encombres ni événements notables et ils arrivèrent une demi-heure plus tard à destination.

     

     - Bon, tout le monde est là ? Demanda M.Koutel.


    Personne ne répondit, ce qui n’empêcha pas celui-ci de continuer.


     - Nous allons commencer exactement comme prévu par l’épreuve individuelle. Nous devons tout d’abord nous rendre à l’amphithéâtre où vous trouverez vos instructions avec le nom de votre examinateur. Ça va jusqu’ici, tout le monde suit ?

     

    Amandine ouvrit la bouche pour commenter, mais son professeur fut plus rapide :

     

     - Ah, mademoiselle rêves prémonitoires ! Un quart d’heure sans vous plaindre, je me disais aussi ! Qu’est-ce qui ne vous va pas ?

     

    Amandine grimaça, puis choisit de grommeler à Faye quelque chose d’inintelligible.
    Arrivés dans la salle, Ils se ruèrent tous sur la table sur laquelle étaient posés les dossiers. Un professeur les coupa dans leur élan à grands renforts de cris et des mouvements de bras :


     - Allez vous asseoir on vous fera passer les dossiers.


    Le groupe d’amis s’installa sur la rangée du milieu.


     - Mais qui peut bien s’asseoir sur ces chaise, faut avoir un balai dans le c** pour être à l’aise ! dit Amandine en gigotant sur sa chaise.
     - Je ne vois pas de quoi tu parles, elles sont très bien ces chaises. », répondit Eileen.

     

    Amandine se retint de lui dire que vu sa position, la jeune fille avait confondu le dossier et l’assise, et qu’elle allait avoir quelques problèmes pour prendre des notes.
    Après un court instant, le professeur reprit la parole :

     

     - C’est bon, tout le monde a un examinateur ? Vous pouvez partir avec lui. Et pour finir bon courage !

     

    Eileen se dirigea vers la sortie en sautillant accompagnée de nombreux élèves impatient de commencer, dont Lucas. Elle se demandait qui pouvait être Mme Caché, qui était, d’après ce que lui avaient indiqué les autres, une professeur de langage codé. A peine arrivée à l'extérieur, certaines personnes commençaient déjà à partir avec leurs examinateurs. Les deuxièmes années s'entassaient devant la porte en espérant trouver leur adulte responsable. Les deux jeunes gens furent séparés par la foule. La jeune fille n'y prêta pas attention et se planta à côté de la porte. Elle ne trouva d’ailleurs rien de mieux que d’entamer une conversation avec celle-ci :


     - Tu crois qu'il viendra à notre rencontre Patoune?


    Bien entendu personne ne lui répondit, en revanche bon nombre de lycéens se retournèrent intrigués. C'est alors que dans cette élan, l'un des élèves perdit l'équilibre et dû se rattraper à la porte. Eileen s'écria:


     - Attention ! T'as failli écraser Patoune, je sais qu'il est petit mais c'est pas une raison !


    Le garçon la dévisagea mais ne répondit rien, il se remit simplement dans son troupeau.

     

     - Tu devrais te mettre sur mon épaule, ça vaut mieux. Y a des personnes dangereuse ici, dit-elle en regardant méchamment l'agresseur.


    Peu de temps après, une femme arriva à sa hauteur. Elle portait dans sa main un carnet. Cette dernière ne tarda pas à prendre la parole :


     - Bonjour, je suis Mme Caché, mais tu dois t’en douter ! dit-elle, de bonne humeur.
     - Eh bien non justement on se posait la question avec mon ami.

     

    Elle lui montra son épaule.


     - Oui enfin ...

     

    Elle se racla la gorge.

     

     - Donc tu viens avec moi... Euh... « vous » venez avec moi et je vous expliquerais en chemin.


    La jeune fille acquiesça et ils commencèrent tout deux à marcher.

     

     - Donc , tout simplement tu vas devoir faire en quelque sorte, comme d'habitude. Je vais t'emmener dans un lieu et tu vas devoir demander des informations à des gens et me les rapporter.
     - Eh, ils ont gentils au moins? demanda la jeune fille avec un sourire bien à elle.
     - Personnellement, je ne les connais pas, mais je n’en doute pas !
     - Ah ouf ! Parce que Patoune, il a peur des méchantes personnes et je ne voudrais pas l'effrayer.


    L'examinatrice toujours aussi mal à l'aise ne répondit qu'avec un hochement de tête. Ils arrivèrent devant une grille qu'elle ouvrit à l'aide d'une clé prise dans sa poche. Elle fit signe à l'adolescente de rentrer et passa derrière elle. Eileen faisait plusieurs signes de mains, comme pour dire bonjour. L'examinatrice la regarda bizarrement puis haussa ses épaules, avec un air désespéré. La jeune fille regarda tout de même autour d'elle. La jeune femme l'avait conduit dans un cimetière. Ils continuèrent leur chemin avant de tourner dans une rangée et de s'arrêter devant une tombe. Les écriteaux permettant de lire l'identité était cachés par une sorte de plaque. Apparaissait simplement un numéros sur celle-ci. L'examinatrice ouvrit son carnet:

     

     - Bon, c'est le numéros 359, Peux-tu me dire s'il est présent ?
     - Ben oui, il est juste à côté de vous Madame, vous le voyez pas ?

     

    A ces mots elle sursauta et regarda d'un bref regard sur sa gauche. Elle déglutit bruyamment avant de reprendre.

     

     - Eh bien, peux-tu me dire ça date de naissance, son âge, son nom et prénom?


    La jeune fille acquiesça et commença son questionnaire avant de répondre. L’examinatrice prenait à toute vitesse des notes dans son carnet. Le même processus se répéta une bonne vingtaine de fois avant que l'examinatrice ne mette fin à l'examen. Elle lui tendit une barre de chocolat:


     - Tiens tu l’as bien mérité ...
     - Oohh du chocolat Meerci !!


    Puis elle sautilla vers la sortie. La femme reprit son carnet et jeta un coup d’oeil au post-it qu’elle avait collé en haut : « Surtout ne pas oublier la barre de chocolat, c'est vital.»

     - Le chocolat fait toujours des miracles, sourit-elle en prenant à son tour la direction de la porte.


    En sortant de l'amphithéâtre Lucas se demanda pourquoi tout le monde s'agglutinait juste devant la porte. Dans le mouvement, il fut emporté à l'opposé d'Eileen.

     

     - J'espère qu'elle trouvera son examinateur... Bon avant de penser aux autres, je devrais d'abord penser à mes problèmes: il est où le mien ?


    C'était la question que tout élève devait se poser à cet instant. Lucas prit la décision de bouger, après tout c'était à lui de le trouver et non l'inverse. Il se faufila dans la masse en prononçant des « pardons » à tout bout de champ.

     

     - Ça doit être la première épreuve, c'est pas possible.


    De nombreux élèves se retournaient sur son passage. Une personne parvint même à joliment écraser son pied. Grimaçant de douleur, le garçon bouscula avec un peu plus de violence que prévu le fautif, l’envoyant chanceler un peu plus loin, avant de disparaître discrètement.


     - Oups ! fit le le petit génie de l'informatique. Je crois que je vais pas trop rester dans le coin.


    Lucas vit enfin la lumière du jour et put respirer un air plus pur. Il balaya le lieu d'un vif regard avant de s'arrêter sur tête connue. C'était Mary, qui devait surement discuter avec son examinateur.


     - Houhou Mary ! lança-t-il en lui faisant un signe de main


    Son regard chercha autour d'elle avant de voir Lucas et elle lui rendit son salut.


     - Bonne chance, cria le garçon.

     - Toi aussi, répondit Mary, avant de prendre la direction de la sortie  du quartier.

      

     

    Lucas marchait toujours à la recherche de son examinateur. Il s'arrêta net quand il vit une femme avec une pancarte où étaient inscrits son nom et prénom. Elle portait dans son autre main une petit sac qui ne devait pas être bien lourd.

     

    Il connaissait déjà Mme Louve, son professeur de langage codé. Un peu soulagé de tomber sur un examinateur qu’il avait déjà eut comme professeur, Lucas soupira : 

     

     - Ils ont vraiment tout prévu

     

    Puis il courut dans sa direction. La femme prit alors la parole:

     

     - Ah, Lucas ! Nous devrions nous mettre en route, je t'expliquerai ta tâche en chemin

     

     Le jeune homme lui répondit d'un signe de tête et commencèrent tout deux à marcher.

     

     - Tout simplement, tu devras décrypter certains code d'immeuble afin de les ouvrir, dans un temps un limité bien sur. Tu pourras bien entendu utiliser tout le matériels souhaité. 

     - Mon ordinateur devrait suffire, ce sont de petites infrastructures et de plus, des immeubles habités par des gens « normaux ».

     - Désaffectés, pour la plupart, précisa son professeur. Tu auras accès à tout les immeubles en même temps. Donc pas besoin de te déplacer.
     - D'accord, je pense que ça rendra la chose plus intéressante.
     - Tu as l'air sûr de toi...
     - Hum, Ça va je pense pouvoir y arriver sans trop de difficulté.
     

     

    Il arrivèrent sur en haut d'une petite colline qui donnait vu sur tout les immeubles d'Ozon.

     

     - Heu, juste une question comment allez-vous savoir que j'ai réussi à ouvrir ces portes ?
     - Eh bien, Il y a un homme devant chaque porte d'immeuble qui attende que gentiment que tu lui ouvre. Et je le saurais avec ça.
     

     

    Elle sortit de son sac une oreillette et un petit carnet.

     

     - Bon, on va commencer. Tu es prêt ?
     - Laissez-moi une seconde... Je pourrais avoir une prise ou une rallonge ?

     - Juste sur ta droite.

     - Je suis prêt, alors !

     - Parfait ! Tu as deux minutes pour ouvrir les dix immeubles, 3... 2... 1... C'est parti ! 

     

    A ce moment là, Lucas se mit à taper sur son clavier. On ne pouvait pas suivre ses gestes tellement ils étaient rapides. Il écrivait des choses que seul un informaticien expérimenté pouvait comprendre. 

     

     - Bon le 1er verrou est tombé 

     

    La jeune femme, la main collée sur son oreille pour couvrit les bruits de fonds, semblait avoir quelques soucis de communication : 

     

     - Mais arrêtez de parler tous en même temps, je ne comprend pas! Immeuble 5,6,7 ouverts c'est bien ça ? Tout en écrivant sur son carnet.
     - J'ai fini !

     

    L'examinatrice regarda sa montre :

     

     - Ah, je pensais pas que tu allais le faire aussi rapidement. J'ai été un peu débordée. Tu as mis une minute quinze pour tout ouvrir, je te félicite !
     - Merci !
     - Mais ce n’est pas terminé ! Voilà la deuxième moitié de l'examen.

     

    Elle lui tendit une enveloppe :

     

     - C'est pas fini?
     - Et bien non, apparement, le lycée pensait que ce serait un peu trop facile pour toi.
     - Évidement.
     

     

    Il grimaça et ouvrit l'enveloppe,pour y découvrir le portrait d'une personne plutôt âgée. Lucas prit un air passablement agacé . 

     

     - Et je dois faire quoi avec ça ? Le dessiner sur mon ordi?
     - Tu dois retrouver cette personne et pirater les données qui te semblent importantes, sans te faire repérer bien sûr !
     - Je fais comment pour le trouver, je n’ai droit à aucune information ?
     - Tu te débrouilles, tu as deux heures, et ça commence maintenant !
     - Dans tout Ozon ?
     - Je partirais maintenant, si j’étais toi.

     

    Le garçon continua de grommeler et commença par descendre la colline pour retourner dans le centre. 

     

     - Alors là, par contre, ils ont fait fort ! soupira-t-il.

     

    En arrivant à destination, il regarda autour de lui et vit un groupe de personne qui semblait plutôt banales. Le garçon souffla et se dirigea vers eux :

     

     - Ils vont me prendre pour un fou, pensa-t-il.

     

    Il sortit le portrait de l'enveloppe et le leur tendit

     

     - Bonjour, avez vous vu cette personne? C'est heu... mon grand père, et il a disparu depuis quelques jours.

     

    Le groupe regarda attentivement l'image avant de lui donner une réponse négative.

     

     - Merci quand même.  

     

    Il retourna dans une autre partie du quartier. 

     

     - J'ai vraiment dû passer pour un gros débile. En plus, je sais pas mentir. 

     

    Il soupira de nouveau, condamné à marcher une bonne demi heure avant de de nouveau rencontrer des personnes. Il s’agissait de deux femmes, avec leurs enfants. 

     

     - Bonjour, auriez-vous vu cette personne ? C'est mon grand père, il a disparu et... il est gravement malade !
     - Cette tête me dit quelque chose, c'est pas l'homme qui était devant la boulangerie?
     - Ah si tu as raison, Mariette. je l’aurais juré, en tout cas !
     - Oh, où se trouve la boulangerie, s’il vous plaît ?
     - Alors à partir d'ici tu prend la prochaine sortie sur ta droite et tu continues toujours tout droit et tu vas arriver sur une place. Elle est à côté de la maison de la presse, tu peux pas la rater !
     - Merci beaucoup !

     

    Il commença à courir dans cette direction. 

     

     « On se croirait dans un film de James Bond. » se dit-il.

     

    En arrivant sur la place, il vit l'homme et se cacha de façon à ne pas être repéré.

     

     « Ça doit être long d'attendre que je vienne quand même ! »

     

    Il alluma son PC et jeta un coup d’oeil derrière le mur. L'homme n'avait pas bougé d'un pouce, et il tenait une petite sacoche. Lucas commença à faire sur son ordinateur des manipulations incompréhensibles. Il réussit sans trop de peines à s'infiltrer dans le PC qui devait être dans la sacoche. Lucas réfléchit un moment avant de choisir différentes données. Quand il termina, il rangea ses affaires et regarda sa montre.
     

     - Ça m'aura quand même prit 1h45 tout ça. Il ne me reste plus que quinze minutes pour rentrer, je vais devoir me grouiller.

     

      Il repartit en courant en direction de l'amphithéâtre.

     

    Mary se décida donc à se lever pour sortir et passer son épreuve. Elle avait un peu le trac. Quand celle-ci vit le monde devant la porte, elle renonça à l'emprunter. la jeune fille regarda autour d'elle s'il n'y avait pas une autre issues pour sortir. Elle se dirigea naturellement vers la sortie de secours. Mary essaya de l'ouvrir mais la poignée ne s'enclenchait pas.

     « Évidement, ça aurait été trop facile. »

    Elle sortit de sa poche son arme la plus infaillible et l'enfonça dans la serrure. Elle donna quelque coups avant d'entendre un petit bruit.

    « Et voilà! »

    Elle sortit du bâtiment toute contente et vit un homme adossé contre le mur. Il avait un badge avec inscrit son nom et prénom et dans l'autre main un carnet.

     - Bonjour Mary, je savais que tu allais passer par là! Je suis ton examinateur.
     - Mais comment vous pouviez le savoir!
     - Je te l'ai dit je suis ton examinateur, j'ai ouvert ton dossier avant de venir ici ...

    La jeune fille grimaça à cette idée.

     - Et si on retournait devant l'amphithéâtre ?
     - D'accord, prononça t-elle, timidement.

    En arrivant devant le bâtiment, l'homme reprit la parole :

     - Bon comme tu as l'air un peu tendue je vais t'expliquer ton épreuve ...

    Il n'eut pas le temps de finir, coupé par une voix qui hélait son élève :

     - Houhou Mary !!

    La jeune fille chercha l'origine de l'appel et s'arrêta sur une main qui lui faisait signe. C'était Lucas , elle lui rendit son geste de la main accompagné d'un sourire.

     - Bonne chance !
     - Toi aussi!
     - Bon Mary on devrait y aller, lui fit son examinateur.

    Elle lui fit signe de la tête et commença à le suivre.

     - Alors comme je te le disais, Tu vas devoir tout simplement ouvrir un maximum d'appartements en un temps record dans un immeuble que je vais te montrer. Il y a des caméras donc je pourrais te suivre et voir combien tu en ouvres. Je te donnerai une oreillette pour te dire le temps qu'il te reste. Je te déconseille de prendre l'ascenseur cela te ferait perdre tu temps. Tu as tout compris?
     - Ça va, c'est juste le temps qui me fait un peu peur. Je sens que je vais me précipiter.
     - Mais non y a pas de raison ! répondit le professeur, en essayant de la rassurer.

    Après quelques minutes de marche silencieuse, ils arrivèrent sur les lieu. Une petite camionnette y était garer juste devant l'immeuble.

    - Je serai dans ce camion pour te surveiller.

    Il rentra dedans et en ressortit aussitôt avant de tendre ledit écouteur à Mary. Elle le prit et l'installa dans son oreille.

     - Dès que tu rentre dans l'immeuble tu as dix minutes. Il y a également dix étages. Bonne chance !
     - Merci... Bon quand faut y aller, faut y aller.

    Elle souffla un bon coup et tira la porte de l'immeuble avant de courir dans l'escalier pour arriver au premier étage. Là, elle sortit son épingle et commença sur une première porte. Il y en avait cinq. Mary était un peu stressée, mais quand elle vit que la porte ne lui résista pas un instant, la jeune fille reprit confiance. Elle entendait de temps en temps l'examinateur lui rappelant que trente seconde s'étaient écoulées. Ce qui lui prenait le plus de temps, c'était de monter chaque nouvel étage.

    « Je déteste courir... »

    A ce moment là, un petit rire se fit entendre dans son oreillette, suivi d'une excuse. Elle en était à plus de la moitié des étages et il lui restait la moitié du temps. C'est-à-dire pas de quoi s'inquiéter. Elle continua ses tours de poignet à une vitesse fulgurante même après tant d'efforts. Quand le compte à rebours fut terminé, elle se laissa glisser contre le mur, et respira un bon coup.

     - Ah j'ai un peu mal au poignet maintenant...
     - Tu peux redescendre quand tu sera prête. Tu peux bien entendu prendre l'ascenseur maintenant !

    La jeune fille ne répondit pas, et se dirigea simplement vers l'ascenseur, puis l'appela. Quand celui-ci arriva, elle s'assit dedans après avoir appuyé sur le bouton. Mary sortit en sueur du bâtiment. La jeune fille épuisée rendit son oreillette et l'homme en échange lui donna une bouteille d'eau bien mérité. Elle ne se fit pas attendre pour l'ouvrir et but d'une traite les trois-quarts.

     - Bon, on va pouvoir rentrer. Tu montes ? lança-t-il en montrant le fourgon.

    Kalian sortit de la salle sans se presser, d'un pas assuré. Elle essayait tant bien que mal de se concentrer mais tout ce monde et ce bruit n'aidaient en rien. Elle aperçu Faye qui avait réussi à convaincre un groupe de garçons de lui servir de gardes du corps et de lui ouvrir un passage dans la foule. Une fois les portes du bâtiment passées, elle se campa dans un angle de mur loin du groupe histoire d'être plus visible. Elle chercha son examinateur du regard sans grand succès.

    Soudainement un homme portant une grande mallette rectangulaire sur l'épaule gauche surgit de la foule et vint à sa rencontre :

     - Kalian je suppose ? Déclara-t-il en lui tendant la main.

    Elle lui serra la main brièvement puis il reprit :

     - Bien, ne restons pas ici nous avons du travail. Tiens, voilà ton arme.

    Il lui tendit la mallette qu'elle mit à son tour sur l'épaule.

     - Pour l'épreuve d'aujourd'hui tu tire à balles réelles. Les cibles seront cachées dans une zone déterminée et ton placement sera imposé.

    Ils se dirigèrent vers un immeuble gris parmi tant d'autres, entrèrent, et commencèrent la montée des marches de l'escalier d’entretien. Cela les mena sur le toit aussi gris que le reste du bâtiment. Kalian posa sa mallette et l'ouvrit. L'intérieur en mousse contenait un fusil de précision en pièces détachées, ainsi que trois chargeurs.

    Pendant qu'elle le montait, l'examinateur alla se placer près du bord, scruta le paysage, se décala d'un bon mètre vers la droite, et, ayant l'air satisfait, s’accroupit, une main sur le genou. Quand elle eu finit, elle le rejoignit, arme à la main, l'esprit clair, déterminée à réussir le test.

     - Bien, mets-toi à ma place.

    Elle s’allongea là où il se trouvait un instant plus tôt, déplia le bipied placé sous le canon, et plaça son arme telle qu'on le lui avait appris. L'examinateur sortit un papier d'une des poches intérieures de son long manteau et le déplia. Il s'assit à côté de Kalian et lui mit le papier sous les yeux :

     - Voilà à quoi ressemblent les cibles. Vu leur taille, l'endroit où tu les touche n'a pas d’importance, une cible touchée vaut un point. Tu as trois chargeurs de quatre balles chacuns, et devine quoi ? Il y a pile douze cibles. Cela fait donc douze points pour la visée. Tu commences avec trente secondes, et chaque cible te rapporte une minute. Si tu mets trop de temps entre chaque cible, je te redonne une minute mais je t'enlève un point. Le test est considéré comme réussi à partir de 9/12. Fait attention, certaines sont bien cachées. Prête ?

    L'homme pausa un chronomètre digital indiquant 0:30 sur le rebord de l'immeuble à quelque centimètres du canon de l'arme et sortit une petite télécommande de sa poche. La jeune fille enleva le cache de la lunette et logea son œil devant :

     - Prête.

    Dès qu'elle eut prononcé ce mot, l'examinateur appuya sur un bouton de la télécommande et le temps se mis à défiler.

    Kalian commença par une cible facile qui se trouvait sur la place à environ deux-cent mètres. Une simple pression sur un autre bouton et le chrono passa à 1 min 23 sec.

    Une deuxième sur le toit d'un immeuble à trois-cent mètres.

    2min 03 sec.

    Une troisième cible sur un balcon à 275 mètres.

    2 min 50 sec

    Une quatrième cible accrochée à un lampadaire à cent-trente mètres.

    3 min 39 sec.

    Plus de balles. Pression sur le bouton, le chargeur vide tombe au sol, elle en prend un autre, le positionne sans gestes brusques. Petit clic satisfaisant, on peut continuer. Jusque là c'était facile. La jeune fille est encore concentrée, ses idées sont claires, ses gestes précis.

    3 min 34 sec.

    Elle mit plus de temps à trouver la cible cachée entre les cheminées d'un immeuble à trois cent vingt-cinq mètres.

    4min 05 sec.

    Elle mit encore un peu de temps à trouver la suivante, accrochée à la parabole d'un immeuble à deux cent quinze mètres.

    4 min 35 sec.

    Elle commençait à perdre un peu de son assurance, ses pensées faillirent s'éparpiller, mais elle prit quelques secondes pour se reprendre. Elle ne prit pas la peine de regarder le temps, préférant se concentrer sur la prochaine cible. Elle perdit de précieuses minutes sur cette dernière, ce qui l'agaça et quand elle la trouva, elle failli la rater à cause d'un trop grand empressement. Elle jeta un regard vif au temps :

    4min 32sec.

    Et merde ! Une minute de perdue.

    De la sueur commençait à perler sur son front. Elle l'essuya d'un revers de main hâtif.
    La suivante était à une fenêtre d'un immeuble à quatre cent vingt mètres.

    5min 05sec.

    Plus de munitions, vite, il fallait recharger. Elle appuya avec hésitation sur le bouton qui laissa choir le chargeur vide. Kalian saisit la dernière munition en sa possession, qu'elle plaça non sans peine tant ses gestes étaient brusques. Ses pensées partaient dans tout les sens et la sueur perlait à grosse gouttes sur son front. Elle s'essuya le visage avant de reprendre.

    Le temps passa... elle ne vit rien... une minute sans doute étaient déjà passées, si ce n'est plus. Elle avait perdu la notion du temps.

     "Mais c'est pas vrai, elles sont où, ces cibles ?" pensa-t-elle.

    Elle en aperçut une, accrochée sur le bord d'une tour, à cinq cent mètres, Presque invisible à cause de l’immeuble qui se situait pile dans la trajectoire.

     « Mais c'est quasiment un angle mort ! Bande de sadiques ! »

    Elle essaya tant bien que mal de rassembler ses idées, en vain. Elle tenta un tir, mais le regretta aussitôt : à côté. Elle jeta un coup d’œil au temps : 2min 34 !!

     "Oh non c'est pas vrai !"

    La jeune fille avait les mains tremblantes, elle avait perdu toute concentration, elle ne voyait plus tous les détails qu'elle remarquait d'habitude, comme si elle avait mit des lunettes trop fortes pour elle. C'est à ce moment qu'elle pensa à ses cours de méditation.

    Très bien reprenons notre calme.

    Elle dégagea son œil de la lunette... posa l'arme à terre... joignit les mains, y posa son front et ferma les yeux.

    Ses pensées cessèrent petit-à-petit leur ballet incessant. Elle se concentra sur les battements de son cœur, jusqu'à ne plus entendre qu'eux. Elle resta comme cela trente bonnes secondes. Maintenant qu'elle avait un contrôle total de son corps et et de son esprit, elle pouvait reprendre. Il lui restait deux minutes entières.

    Kalian enroula lentement ses doigts autour de la poignée du fusil, cala la crosse contre son épaule et visa la cible qu'elle venait de manquer. Elle toucha sa cible sans problèmes.

    2min 58sec.

    Dans le plus grand calme, elle observa le paysage quelque instants, puis, en une vingtaine de secondes, toucha les deux dernières cibles. Elle vit où se situait la dernière, mais ne pouvait l'atteindre faute de munitions.

     « Ça m’apprendra à perdre ma concentration, tiens. »

    Elle se releva lentement et étira son dos qui émit quelques craquements.

     - Bravo. 11/12. Belle performance. Tu as fait le bon choix en faisant cette petite pause. Tu aurais sans doute eu 4 ou 5 point de moins si tu ne l'avait pas fait. Bon maintenant tu peux aller t'entraîner sur des cibles avec cette arme si tu veux, en attendant que les autres aient fini leurs tests.

    Il lui tendit un pistolet qui paraissait minuscule à côté de son fusil de précision. Elle le suivit jusqu'à un stand de tir, où elle passa le reste de la matinée.

     

    Faye se leva sans se presser de sa chaise inconfortable et se dirigea vers les dossiers d'affectation. Elle saisit le sien, et s'approcha d'un groupe de garçons qui s'apprêtaient à faire une percée dans la masse informe d'élèves agglutinés devant la porte et les stoppa dans leur élan en se campant devant eux, sa main droite sur sa hanche droite, et son indexe gauche pointé vers le plafond.

     - Hey, bande de primate tridimensionnels unijambistes et translucides !

    Vu leur tête, elle avait réussi à capter leur attention.

     - Les opposums super-symétriques étant ignifugés et hautement polarisés, ne peuvent pas supplanter les mandragores chimériques dont le plan de lyophilisation du monde à échoué grâce à l'intervention des gorilles hypermétropes. En conclusion veuillez m'ouvrir un passage dans cette cohue.
     - OK pas de problème, répondit l'un des garçons.

    Ils formèrent un cercle autour d'elle et forcèrent le passage, pendant qu'elle marchait tranquillement l'air satisfait en cherchant du regard son examinateur, à qui elle réservait un sort relativement identique qu'à ses gardes du corps improvisés.

    Lorsqu'elle le repéra, elle intima un petit « à gauche » à ses chevaliers servants. Une fois sortie de la foule elle les remercia et alla rejoindre l'homme qui l'attendait. Elle s'était préparée, il n'avait plus aucune chance.

     - Bonjour Faye, je suis ...
     - Oh mon dieu vous ai-je déjà parlé de la démocratisation des ion sulfate en Mongolie du nord ?
     - Qu'est-ce que...
     - Et bien il est vrai que les spasmes fantasmagoriques supersoniques jouent un rôle primordial dans la chaptalisation dichotomique bipolaire des ours polaires capillotractés. Alors avez-vous lyophiliser les ondes périodiques ?
     - Très bien, vous avez réussi le test, je vous met un 18/20.
     - Ah mais attendez nous n'avons pas discuter des trouble métaphysiques qui dépolarisent les fluctuation paraboliques à l'est du Texas.
     - Oh et puis vous méritez bien un 20/20. Vous pouvez disposer, allez attendre que les autres aient fini dans l'amphithéâtre.

    La jeune fille esquissa un petit sourire satisfait, et retourna dans la salle en chantonnant joyeusement.

     

    Amandine rejoignit son professeur référent. Celui-ci se trouvait déjà dans l'amphithéâtre. Elle n’eut qu'à descendre les marches pour le rejoindre. Il était assis derrière une des tables et lui montra une chaise vide en face d'elle en hochant la tête.

     - Bien assieds toi.

    Elle s’exécuta. Une fois qu'elle fut installée, il reprit la parole.

     - Bon je vais aller droit au but. Tu ne passeras pas d'épreuve aujourd'hui.
     - Mais pourquoi ? répliqua Amandine indignée, qui se faisait une joie de faire quelque chose de sa journée.
     - Et bien car nous connaissons déjà ton niveau. Nous savons que tu as donné des indications à des élèves qui t'avaient demandé comment allait se passer leur test, et s'ils allaient réussir. Tes indications concernant le déroulement de leurs épreuves étaient d'une grande exactitude. Quand à leur réussite, on verra bien. De toute manières nous considérons ton niveau largement suffisant. De plus, je vois mal quelle genre de test on pourrait te faire passer à Ozon...
     - Alors qu'est-ce que je fais moi ?
     - Et bien tu vas attendre que les autres ai fini. Tu peux aller te balader dans le coin si tu veux, mais fais attention, ne rentre pas dans le périmètre des épreuves. Mais ne t'inquiète pas tu participeras à la deuxième batterie de tests cet après-midi.

    Il se leva pour aller vaquer à des occupations inconnues. Amandine resta bouche bée sur sa chaise. Sa journée venait d'être gâchée. Elle se préparait à aller faire un petit tour dehors, quand elle aperçu Faye.

     - Hey Faye t'as déjà fini ?
     - Ouais. L'examinateur s'est montré... comment dire... coopératif ? Répondit l’intéressée d'un air amusé.
     - D'accord, je vois... ça te dis d'aller faire un petit tour dehors histoire de faire passer le temps ?
     - Ouais si tu veux. »

    En sortant elles croisèrent leur deux examinateurs, qui regardaient la feuille de résultat de Faye. Son examinateur se grattait la tête d'un air gêné. L'autre lui posait des questions mais il hochait négativement la tête en écarquillant légèrement les yeux, signe d'incompréhension. Les deux jeune fille échangèrent un regard amusé, puis passèrent leur chemin.

     - Mais du coup cet après-midi tu ne vas rien faire non plus pendant qu'on fera le truc par équipe ?
     - Ah bah non je le fais comme vous et heureusement parce que sinon ils m'auraient entendue je peux te le dire.
     - Ça je m'en doutais. »

    Sur ces paroles elles poursuivirent leur promenade en attendant le retour de leurs camarades.

     

    Tout le monde sauf Mary était déjà revenu à l'amphithéâtre. Cette dernière arriva en trombe dans une fourgonnette. Elle sortit en courant du véhicule et poussa en hâte la porte de la salle. Elle s'installa discrètement à côté de Lucas.

     - Alors ça s'est bien passé ? Demanda le jeune garçon.
     - Oui je pense, l'examinateur avait l'air content. Il m'a même donné une bouteille d'eau. Et toi c'était comment ?
     - Oh bah la première partie c'était facile, mais pour la deuxième j'ai été obligé de faire croire que je voulait retrouver mon grand père à tout le monde, tout ça pour finir sur la place de la ville.

    Ils furent interrompus par le regard interrogateur d'un professeur dirigé vers eux. Mary chuchota un « pardon » discret, puis le professeur continua.

     - Hum bien, comme vous le savez déjà cette après-midi aura lieu une épreuve par équipe consistant à tester vos performances collectives.
     - J'imagine bien Corentin élaborer une stratégie d'équipe... ironisa Lucas.
     - ...vous devrez donc vous rendre là où on vous le dira. Nous allons maintenant répartir les groupes...

    Une dizaine de professeurs appelèrent à tour de rôle.

     - ...groupe trois : Kalian, Amandine, Etienne, Lucas, Eileen, Mary et Faye.

    Ils se levèrent et se dirigèrent vers leur professeur référent. Une fois regroupés, ce dernier prit une nouvelle fois la parole :

     - Bon alors voici la carte d'Ozon. L'amphithéâtre se trouve là. Vous devez vous rendre ici. Le périmètre sera fermé et vous pourrez circuler dans cette zone. Vous avez trente minutes pour vous rendre sur cette petite place, à côté du bar-tabac. Vous devez être revenus ici dans exactement quatre heures, vingt-six minutes et quarante et une secondes. Des questions ?

    Eileen commença à lever la main, mais le professeur la coupa dans son élan avec un petit « Parfait, vous pouvez y aller ».
    En chemin, Kalian brisa le silence la première :

     - Ça m'a l'air étrangement facile. Ça cache quelque chose.
     - Merci pour cette remarque hautement constructive. Je suis sûr qu'aucun de nous n'y a pensé. lâcha Étienne avec sarcasme.
     - Oh, ça va toi ! Moi au moins je lance une conversation.
     - Moi aussi je peux lancer une discussion. Tiens, que pensez-vous des taxes sur les marchandises internationales transitant par voix maritimes ?
     - Je pense que la scotomisation thermostable des marmottes hypocondriaques perturbe les dégénérescences sporadiques fluviales en Pentagonie du sud, renchérit Faye.
     - Ouais, c'est pas faux. J'aurais pas dis mieux, répondit Etienne sans conviction.
     - Il faut prendre la prochaine à droite. intervint Lucas qui avait la carte sur son ordinateur portatif.
     - Merci GPS, répliqua Faye.
     - En tout cas ça fait du bien de sortir de l'enceinte du lycée pour une fois, déclara Amandine.
     - C'est vrai que c'est plutôt cool, poursuivit Lucas.

    Mary suivait le groupe silencieusement.
    Quant à Eileen, elle discutait d'un air passionné avec Patoune, un peu en retrait.

     - On arrive dans notre périmètre d'action, déclara Lucas.

    Au moment ou ils passèrent la grille, celle-ci ci se referma.

     - Ah bah ils mâchent pas leurs mots. On est vraiment enfermés, lâcha Faye.
     - Pfff... N'importe-quoi, on peut escalader facilement ! répondit Kalian en s'approchant du grillage.
     - Si j'étais toi, je ne ferais pas ça. Regarde.» intervint Lucas en pointant du doigt une pancarte sur laquelle apparaissait une tête de mort rouge avec deux éclairs.

    Kalian arrêta son geste en plein élan et resta figée pendant une ou deux secondes, avant de se retirer lentement à reculons. Amandine pouffa de rire accompagnée d'Etienne.
    Ils continuèrent leur route puis arrivèrent au point de rendez-vous. Ils se trouvaient sur une petite place entre les immeubles. De l'autre côté, ils apercevaient le bar-tabac nommé « La clope joyeuse ».

     - Y'a, comme qui dirait, personne... Ca sent pas bon, déclara Amandine.
     - Ouais, pas bon du tout ... renchérit Etienne.

    Et c'est ce moment précis que le tireur embusqué choisit pour tirer son premier coup. La balle manqua de peu le pied d'Eileen, qui serra son ami invisible dans les bras et s'enfuît pour finir sa course dans le seul arbre se trouvant dans les cent mètres à la ronde. Faye releva la malheureuse et se précipita vers la porte de l'immeuble le plus proche. Elle retrouva Lucas et Mary qui étaient assis sur les escaliers.

     - Alors, vous allez bien ? demanda Faye, inquiète.
     - Ouais ça peut aller, répondit Mary.
     - Et les autres ? demanda Lucas.
     - Je sais pas. Ils sont partis dans une autre direction.
     - Et comment dire, heu... Ça va Eileen ?
     - Vous en faites pas elle a fait un bisou a un arbre. Elle s'en remettra, répondit sa sauveuse.

    Pendant ce temps, les « autres » en question, qui n'étaient autre que Kalian, Amandine et Etienne, se trouvaient à plusieurs rue de là, et reprenaient leur souffle.

     - Je crois que c'est bon. Quelqu'un sait où on est ? demanda Kalian.
     - Bah, ouais, je pense savoir où on est. Je me souviens à peu près de la carte et du chemin qu'on a parcouru depuis le point de rendez-vous. répondit Etienne.
     - Bon bah on y retourne, On retrouve les autres et on se casse d'ici ! déclara Amandine
     - Mauvaise idée, c'est trop dangereux... reprit Kalian. »

    Amandine, manifestement déstabilisée, répondit angoissée :

     - C'est pas normal ... J'ai pas rêvé ... De cette partie de la journée ... !
     - Du calme, du calme ... C'est pas si terrible ! Cela pourrait être pire ... dit Etienne avec l'air le plus détendu qui soit. Bah on a qu'à leur envoyer un message.

    Amandine chercha dans ses poches. Elle en sortit son portable et lança un « je l'ai ! » victorieux.

     - Ah mais attends je viens de penser à un truc ... nos portables ne marchent que dans l'enceinte du lycée ... lâcha Étienne mollement.
     - Ah oui, c'est vrai ...
     - Bon je propose quelque chose : un, on reste toujours en mouvement, pas comme en ce moment d'ailleurs. Deux, on cherche un moyen de contacter les autres, déclara Kalian.
     - Ok j'suis partante ! »

    Pendant ce temps, les autres étaient toujours dans leur immeuble :

     - Non rien, pas d'électricité ... Et mon ordi peut même pas les appeler.
     - Vous croyez que c'était prévu ? demanda Mary
     - Ça dépend, tu parles de la coupure de courant ou du fait qu'on soit séparés ? lança Faye.
     - Ben, les deux !
     - Ils font tout pour qu'on sorte de l'immeuble, observa Lucas.
     - Mais si on sort on va se faire canarder de partout... soupira Faye.
     - Bah en fait il n'y a une porte de service derrière, mais elle est fermé à clef, répondit son interlocuteur.
     - Mais t'aurais pas pu le dire plus tôt ? ronchonna Mary.

    La jeune fille se dirigea vers la dite porte, et commença son habile crochetage. La serrure ne résista que quelques secondes.

     - Et voilà, c'était pas plus compliqué que ça !

    Faye commençait à peine à soulever Eileen quand Lucas la stoppa dans son geste.

     - Laisse je m'en occupe.

     - Un vrai gentleman !

    Lucas ne fit pas attention à ce sarcasme et jeta le paquet sur son épaule.

     

     - Et m***e, il nous reste plus qu'une heure et demi ! râla Amandine.
     - Vous croyez que c'est grave si on rentre chacun de notre côté ? s'enquit Etienne
     - Si, ils s'en sont sortis. »

    Kalian, qui se trouvait à une vingtaine de mètres devant, lâcha un énième juron.

     - Quoi encore ?! lâchèrent-ils en cœur.
     - Y a encore une de ces saletés de grilles électrifiées ! J'en ai marre !!
     - Si mes calculs sont bons c'est la septième en une demi-heure, envoya Etienne.
     - Au lieu de compter les grilles, tu ferais mieux de chercher un moyen de nous sortir d'ici ! répondit Amandine.

    A ce moment la, une cabine téléphonique sonna à quelques pas des adolescents. Amandine se dirigea automatiquement vers elle pour répondre, quand Kalian l'interrompit.

     - STOP ! C'est peut-être les ennemis qui cherchent à nous localiser.
     - Bof on est plus à ça près ...

    Sur ce, elle décrocha le téléphone sous le regard meurtrier de Kalian.

     - Oui, allo ?
     - Ça marche ce truc ? Amandine c'est toi ?
     - En personne. Vous êtes où ? Vous allez bien ?
     - Ouais ça va. Il y a juste Eileen qui a fait une rencontre fortuite avec un arbre. Mais dans l'ensemble, ça ce passe bien. Bon tu peux me passer Etienne s'il te plaît ?
     - Pas de problème ! Etienne c'est pour toi ! cria-t-elle.
     - J'arrive !
     - Elle va tous nous faire tuer... »

    Elle lui passa le combiné et se dirigea vers Kalian avec un sourire satisfait.

     - C'est Lucas.
     - Ouais, bon, ça va ... Comment je pouvais le savoir moi ? Pff journée de m***e...!
     - Bon il faut qu'on aille par là, on en a pour vingt minutes de marche environ, si mes souvenirs sont bons, et tout porte à croire qu'ils le sont. Lucas a trouvé comment déverrouiller les grilles, on va pouvoir sortir tranquille, lança Etienne qui venait de les rejoindre.

     

    Vingt minutes plus tard ils étaient enfin arrivés.

     - Enfin vous voilà, Lucas commence à avoir mal à l'épaule. Il faudrait que tu prennes le relais Etienne, dit Faye.
     - Ok pas de problèmes !
     - Bon on rentre à l'amphi, on a plus le temps de faire la mission, d'autant qu'on sait même pas ce qu'on doit faire, lança Kalian.

    Ils acquiescèrent et se dirigèrent vers la grille la plus proche afin de pouvoir sortir.
    Arrivés à l'amphithéâtre, la mine fatigué, ils s'affalèrent sur les sièges qui n'étaient pas plus confortables qu'à leur départ. Il fallut attendre une heure avant que les derniers arrivent et que le bus puisse les ramener au lycée.


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