• Chapitre 7

     

    La négociatrice commença la réunion soudainement en remerciant Etienne de l'avoir secondé puis il exposèrent le plan. Les bases avait étés reprises de ce qui avait été dit à la précédente réunion.

    - Alors qu'est-ce qu'on fait là ? Demanda Élina.
    - On met les dernières choses au point.
    - Comme ?
    - Le fait qu'on a aucune idée de quand on commencera l'opération commando. Déclara Faye, il faudra rester soudé ces dernières heures.
    - Voir ces derniers jours.

    Le reste du groupe hocha la tête et on décida de clore la réunion pour éviter d'éventuelles écoutes de la part de ceux qui assassinaient, un a un, les élèves.

     

    *

     

    L'examen avait duré trois heures : trois longues heures durant lesquelles Amandine et Étienne s'étaient torturés les neurones pour restituer leurs maigres connaissances sur les origines du langage codé. Amandine fut la première à quitter la salle et sa sortie fut accompagné d'un long soupire qui en disait beaucoup sur sa performance. Elle se laissa aller contre un mur cinq mètres plus loin pour attendre son ami. Celui-ci ne montra aucun signe de réussite ou d'échec : c'était juste Étienne avec son attitude habituelle et sa démarche traînante. Ils se sourirent brièvement et se laissèrent tomber sur le sol gris dans un même mouvement.

    - Toi aussi c'était pas super glorieux ? Doudou ne va pas être content.
    - Comme d'habitude.

     

    Assis en tailleur, l'un sifflotant l'autre murmurant des secrets à la peluche tout juste sortie de son sac, ils attendaient leurs amis, Marianne, Corentin et Faye. Ceux-ci arrivèrent tranquillement avec l'ignorance des devoirs commune aux non-initiés. Ils aidèrent le frisé et la dormeuse à se lever et prirent sans un mots la direction des escaliers. Entre temps, Étienne avait emprunté la peluche d'Amandine, qu'il avait envoyé à Corentin. Corentin qui esquissa quelques pas de valse avec le bout de tissus avant de le rendre, hilare à la jeune fille. Celle-ci s'arrêta net, une moue contrariée inscrite sur le visage. Elle empoigna fermement son compagnon et se planta devant son camarade de classe.

     

    - Je t'avais déjà dit de ne pas toucher à doudou !
    - Ah bon ? Toi ? Tu as dit ça ?

     

    Marine les sépara doucement et tenta de désamorcer la dispute imminente.

     

    - Bien sur, reprit Amandine d'une voix agressive, je te le répète depuis plus d'un an !
    - C'est qu'un doudou, tenta Étienne en essayant de réduire son excès de joie.
    - Arrêtez vous deux, vous allez pas vous crier dessus pour une... commença Faye
    - Ce n'est pas qu'un doudou, crétin ! C'est mon meilleur ami !

     

    Corentin passa un bras autour des épaules de son amie et lui fit un énorme bisous pour compenser leurs âneries. De même, il prit l'initiative de s'excuser mille et une fois même à genoux, ce qui déclencha les éclats de rire de Marianne.

     

    - Ça te fais rire toi ?

     

    Elle se tut immédiatement face au ton glacial de la rêveuse. Un mouvement à l'angle du mur attira l'attention de Corentin qui se retira instantanément de leur prise de bec sans fin. Il voulut se rapprocher mais n'en eut pas l'occasion : il se retrouva affublé d'une écharpe rose, d'un sac violet et turquoise et d'un doudou. Une question : pourquoi ?

     

    - Allez viens te battre si tu es une femme Marianne !
    - Euh.... pastèque ?

     

    Les deux filles se fixèrent un instant avec un sérieux irréel avant de faire éclater le silence quasi-religieux en une multitude de rire. Finalement ils se firent tous un câlin de réconciliation, ce qui amena Corentin à sortir deux tablettes de chocolats aux noisettes. Les élèves se dirigèrent tous vers un renfoncement, celui qui avait intrigué le guerrier quelques minutes plus tôt,. Il n'y découvrit rien d'autre que les sacs de ses amis, entassés dans un des coins. Amandine, qui devait désormais retourner au pays de Morphée, s'éclipsa alors, malgré la tentation du chocolat.

     

    - En fait, j'aime que le chocolat noir, avança prudemment Marianne, mais mangez, mangez, j'ai encore un biscuit.
    - Mais comment on peut ne pas aimer le chocolat aux noisettes, lança Étienne, surpris.
    - C'est vrai quoi, avança Faye, c'est pas humain de ne pas aimer ce noble aliment !

     

    Corentin haussa un sourcil et s'allongea, profitant des derniers moment de répit. Comment accepter l'idée que le lycée vivait ses dernières heures ? Quelques minutes passèrent. L'enthousiasme montait devant lui, mais il ne voulait pas prendre part a leurs idioties. Il commença à mâchonner distraitement un morceau de pain, avant de se redresser.

     

    - On se tire les gens.
    - Pourquoi ?
    - On a même pas finit de manger !

     

    Le guerrier s'empara de son sac et fouilla dedans quelques instants avec d'en sortir une bouteille au contenu suspect et une boite d'allumette. À cette vue, ses amis rassemblèrent ce dont ils avaient besoin et se levèrent avec lui inquiet. Le plus calmement possible le guerrier lâcha :

     

    - La mission commando peut commencer.

     

    Ils lui servirent tous une figure étonnée puis déconfite quand il se jeta sur une ombre fugace qui laissa échapper un gémissement en recevant un uppercut. Un cri aigu s'échappa des lèvres de Marianne :

     

    - AMBRE ?

     

    Comme si son propre nom écorchait ses tympans, elle sanglota tout en geignant, laissant des traces sur sa peau marbrée de noire. Alors que Corentin la retenait contre le mur en lui hurlant des injures, elle, piètre créature anéantie par ses sentiments, essayait de démêler le nœud des émotions pour expliquer. Tout expliquer. Mais le guerrier n'entendait plus rien, ne voulait pas connaître ses motivations. Non, lui, il ne voyait plus que sa trahison. Une trahison amère au goût d'un mensonge. L'incompréhension régnait parmi les trois autres pour qui cette violence n'était pas justifiée.

     

    - PLUMES ! C'EST PLUME JE VOUS JURE J'AI RIEN.....

     

    De nouveau il la fit taire, la regardant s'étaler sur le sol qui déjà se parait de son sang. La jeune fille essaya de retenir son fluide vital qui s'échappait, occultant totalement le contenu de la bouteille que Corentin déversait à ses côtés. Essence. Ses lèvres s'étirèrent avec assurance vers un sourire ravageur. Le guerrier approcha une allumette enflammée du liquide et regarda de nouvelles flammes, toujours plus grandes, toujours plus majestueuses se former autour de ce corps dénué de raison.

     

    Corentin se releva. Sortant de leur stupeur, les deux filles et l'adolescent se ressaisirent, oubliant presque la dispute qui avait précédé. Partant à la suite du guerrier qui déjà s'éloignait du brasier, ils recentrèrent leur attention sur ce qui venait de se passer, et sur ce qui allait suivre. L'incendie venait tout juste de prendre, mais déjà il commençait à se propager. Il fallait agir rapidement.

     

    - Commençons par aider les gens à sortir, fit Marianne, se remémorant le plan.
    - Il y a un détail qui me gène ... fit Faye.
    - Quoi donc ? fit Corentin.
    - Tu crois pas que ça fait suspect si on découvre qu'Ambre est juste au niveau de la source de l'incendie ?

     

    Ils s'arrêtèrent.

     

    - C'est vrai ... fit Marianne.
    - Donc on fait quoi ? continua Corentin.
    - Je propose que l'un de nous aille déclencher un autre incendie dans le lycée. ça brouillera les pistes. Le CRD, ça me semble le lieux idéal. Ou le self, il sera désert à cette heure-là. Corentin, t'as encore de quoi faire du feu ?

     

    Celui-ci acquiesça.

     

    - Donc vous vous occupez de sortir tout le monde, et moi, j'allume d'autres feu, on est d'accord ?
    - C'est ça.
    - Alors allons-y.

     

    Ils se ruèrent vers les escaliers. Passant à travers les élèves, qui se dirigeaient vers les différentes sorties, ils atteignirent le premier étage. Pris dans la foule, le groupe commença à se séparer.

     

    - On se retrouve devant le lycée ! lâcha Marianne

     

    Acquiescements des deux autres. Corentin partit alors vers le fond de l'étage, vers son objectif, tandis que Faye et Marianne s'installaient du coté des escaliers, prêtes à gérer tout débordement.

     

    Après leur séparation quelque peu précipitée, Corentin se mit à réfléchir. Pour mettre le feu au self, le plus simple serait de rassembler plusieurs tables et de les allumer. Il avait peu de chances de se faire attraper étant donné l'heure, malgré l'importance de la surface vitrée dans ce lieu. Quand au CRD, la question ne se posait même pas. Cette bibliothèque s'embraserait à la moindre étincelle. Mais il faudrait là être plus prudent pour ne pas se faire avoir.

     

    Il descendit les trois étages qui le séparaient de son but en priant pour ne pas être intercepté en chemin. Prières qui s’avérèrent inutiles, puisqu'il fut quand même stoppé par quelques connaissances. Il réussit cependant à s'en débarrasser après quelques minutes de conversation.

    Il arriva enfin au self et rassembla vite fait quelques tables. Cependant, lorsqu'il voulut y mettre le feu, il se retrouva dans l'impossibilité de le faire. Élina, qui venait d'apparaître derrière lui, cessant son camouflage, lui faisait une clé de bras, l'empêchant de faire quoi que ce soit. Alors que l'adolescent se dégageait en profitant de sa supériorité musculaire, la jeune fille lui porta un coup violent dans l'entrejambe. Cela eu pour effet de mettre le jeune homme à terre.

    - Alors comme ça … toi aussi tu nous as trahit ? Demanda Corentin, haletant.

     

    Il ne reçut aucune réponse

     

    - Pourquoi nous as-tu trahit ? POURQUOI !?

     

    Élina restait debout devant lui, calme et silencieuse. Se relevant s'un coup, Corentin se rua sur elle. Surprise, elle ne pu esquiver le guerrier, qui l'envoya valser d'un seul coup.

    Après s'être calmé, Corentin acheva sa tâche, allumant les tables avec son briquet, sur lesquelles se trouvait désormais le corps d'Élina. Il jeta un dernier regard vers elle. Pourquoi … pourquoi tout cela devait tourner ainsi ? Il partit vers sa destination suivante.

    Lorsqu'il arriva au CRD, tout le monde commençait déjà à s'en aller, alerté par l'incendie naissant. Se fondant dans la foule qui quittait la salle, il se faufila jusqu'à un petit recoin, et mis le feu aux livres qu'il abritait, avant de quitter la salle dans le même mouvement de foule.

     

    En arrivant à l'entrée de l'établissement, Corentin y retrouva ses amis. Il fallait faire vite et la tension était palpable. Soudain, le guerrier constata qu'il manquait du monde. 

    -
    Marianne ne vas pas tarder à arriver, mais … où sont Étienne et Amandine ?
    - Étienne n'est plus avec nous,
    annonça Eileen. Mais Amandine...
    -
    Elle a dû s'endormir avant qu'on ne mette le feu, finit Faye J'y vais, continuez sans moi, je vous rejoindrais. 
    - Mais ...
    - Exécution ! 

    Encore plus inquiets à chaque seconde, le groupe commando fut contraint de
    continuer tandis que Faye se ruait, essoufflée, dans les couloirs. ''attends-moi amandine, attends-moi...''. Il fallait aller vite, toujours plus vite et, à force de courir, Faye finissait par se demander si ce n'était pas l'unique sens de la vie. Ses talons la gênant, la jeune négociatrice les retira et les laissa à l'abandon au milieu du couloir. Elle n'avait plus qu'à prendre ce couloir, puis celui-là ... Elle ouvrit alors la porte et trouva la concernée, paisiblement endormie dans la pénombre autour de lumières tamisées et de mélodies types boîte à musique. 

    -
    Amandine ! Réveille-toi ! Couina la jeune fille en secouant son amie.

    Celle-ci ne bougea pas et la négociatrice conclut que c'était à cause des lourds somnifères qu'on lui administrait. Elle devait se résoudre à la porter. Enroulant l'endormie dans une chaude couverture, elle la souleva avec peine et sortit dans le couloir en s'éloignant des fenêtres et des endroits fréquentés pour rester discrète. Il y avait peu ce chances de réussir, mais peu importe, il fallait sauver un maximum de personnes. La pauvre
    Amandine, pensa Faye, elle est bien loin de tout ça, et elle a encore la chance de rêver ... 

    Au détour d'un couloir, proche du but, le doudou de la dormeuse tomba. ''J'irais le chercher plus tard...'' pensa
    Faye. C'était peut-être ridicule au fond car le plus important était à présent de sauver sa peau. Mais Amandine était tellement innocente dans tout cela. Elle était contrainte à dormir et tout le monde se foutait de savoir si elle était en sûreté ou non. Tout le monde, à part la résistance bien sûr. Heureusement que le plan allait marcher ... 

    Arrivant près d'un renfoncement,
    Faye déposa sa petite protégée. Ici, elle était en sûreté et on pourrait éventuellement passer la rechercher ensuite pour la faire sortir de cet endroit. Il fallait maintenant aller chercher son doudou. Il était tombé aux alentours des salles est. Cela ne devait pas être bien compliqué de le récupérer. C'était juste un risque à prendre en plus. Mais actuellement, Faye n'en avait plus rien à faire. 

    Courant, elle aperçu au bout du couloir, le petit lapin en peluche tant recherché. Elle s'arrêta et le saisit dans ses mains. Le souci, c'est qu'il faisait bien sombre ici. Il fallait repartir rapidement. Faye se tourna vers la droite et décida de passer par les salles nord. 

    -
    Tu ne vas nulle part ... Lui fit une voix cachée dans la pénombre. 

    La négociatrice se retourna et elle sentit un point froid sur son front. 
    Il y eut un bruit.
    S'écroulant sur le sol,
    Faye venait de rendre son dernier souffle.

     

    *


    Se retournant vers le bâtiment, Corentin pu voir une chose qui le rassura : Amandine arrivait enfin. Mais son réjouissement fut de courte durée. La rêveuse semblait complètement affolée, et pire que ça, elle était seule.

    - Où est Faye? Demanda Corentin surpris et affolé.
    - Elle n'est pas avec vous ? lui répondit Amandine

    Le guerrier prit conscience de la situation. La négociatrice avait dû sombrer avant d'avoir pu rejoindre la dormeuse ... Il fulmina. Pourquoi encore un mort, pourquoi Faye ? Il allait devoir continuer seul, songeai-t-il le cœur gros.

    - Ne nous laissons pas abattre ! Encouragea-t-il ensuite. Et Marianne ?

    C'est alors qu'Amandine fondit en larmes

    - Faye ...
    - Et Marianne ? Répéta Corentin.
    - Elle est morte, elle aussi...
    - Comment ? Quoi ? Qui ? Où ? Pourquoi ? Demanda Corentin dont le cerveau commençait à surchauffer sérieusement.
    -Tout s'est passé si vite dit Amandine. Les gens étaient complètement affolés et ils poussaient dans les escalier et Marianne est tombée. Elle est morte sur le coup. Je n'ai rien pu faire.
    - C'est horrible à dire mais tant pis annonça Corentin refusant de se laisser abattre malgré les larmes de rage qui lui coulaient involontairement le long des joues. Allons-y.
    - Et Étienne ?
    - Il a disparu. Je suis sûr qu'il nous a trahit.

    Ils traversèrent la cour comme des fous.

    Le portail, si proche. La liberté, enfin. À portée de main.
    Corentin, en tête, jeta un œil sur ses compagnons. Juste derrière lui, ses couettes aux vent, Eileen le talonnait. Un peu plus loin, sans doute encore gênée par les effets de son somnifère, Amandine peinait à soutenir le rythme.
    Corentin s’était promis de les guider aux dehors. Ils étaient déjà tant à avoir fait le sacrifice de leur vie, pour en sauver d’autre. Quelle injustice...
    Il regrettait la présence de Faye, et de ses conseils. Sans elle, il ne savait que trop combien de chance il a de faire une erreur. Jamais il ne se permettrait de perdre un ami de plus.
    Et pourtant, le parfum de la trahison lui brûlait encore la gorge. Comment Ambre, Ambre a qui il avait donné sa confiance, avait-t-elle pu passer de l’autre côté ? Et Élina... Elle aussi faisait partie de la résistance. Et elle aussi avait trahi. Ce traître d’Étienne était sans doute au sommet de toute cette machinerie...
    Un dernier regard sur ses dernières compagnes le fit soupirer. Comment pouvait-il être certain qu’aucune des deux n’était pas elle aussi là pour tuer les autres ? Il chassa de son esprit cette idée, et préféra se concentrer sur leur dernière épreuve.
    Le portail.
    Il savait déjà que l’ouverture était magnétisée. Il fallait une carte -ou un code- pour espérer franchir les limites du lycée. L’escalade était impossible à tenter, pour lui peut-être, mais il n’aurait pas la force de porter les deux filles.

     

    - Lucas, lâcha Amandine qui les avait rejoint.
    - Quoi ?
    - Il aurait fallu cinq secondes à Lucas pour craquer ce portail. Mais sans lui, on est coincés.

     

    Corentin, cédant un instant à sa colère, envoya un coup de pied dans le métal en jurant, ce qui, sans doute, fit s’allumer la caméra de surveillance. Sans lui laisser une chance, le guerrier l’arracha purement et simplement.

     

    - C’est trop bête !
    - Je peux vous aider, fit une voix derrière eux.

     

    Corentin dégaina en une seconde l’un de ses deux pistolets et la pointa dans la direction de celui qui venait de parler.

     

    - Tu oses dire ça, traître !
    - Si vous voulez vous en sortir, il faudra me laisser expliquer.

     

    Étienne fit encore un pas.

     

    - Je sais pourquoi vous me soupçonnez. À cause de d'Élina.
    - Pas besoin d’être intelligent pour comprendre ! Elle a tuée Mary qui l’avait percée à jour, et à voulu te prévenir avant de mourir à son tour ! Fit Corentin, enragé.
    - Pas vraiment. Sachez que ...
    -Tu mens ! cria la voix tremblante d’Eileen. Le fantôme de Flore est mon ami ! Il m’a dit... Il m’a dit que...
    - Tais-toi. je ne suis pas un traître. Et contrairement à vous, je peux sortir d’ici. Lucas me faisait confiance, au début, avant ... l’histoire des carambars.
    - Tu as tué Arthur ! Continua la jeune fille. Ça aussi, il me l’a dit ! Corentin, tu ne dois pas lui faire confiance !
    - Eileen, il a raison. Écoute-le jusqu’au bout, la rabroua Corentin.
    - J’ai dans ma poche quelque chose qui devrait vous intéresser.

     

    Il en sortit une lettre manuscrite, qu’il tendit à Corentin.

    « Night,


    Toi et tes chouettes roses commencez à sérieusement m’agacer. Trois fois que tu rates ton coup, quand est-ce que tu vas finir par admettre que le poison dans la grenadine, c’est inutile ?
    Je te laisse une autre chance, veux-tu. Autrement, tu risque de gouter à mes balles plus vite que prévu -et le fait que tu sois mon lieutenant n’y change rien.
    J’ai entendu Arthur dire qu’il ne mangeait que des carambars au citron. Débrouille-toi avec ça, et sans te faire prendre !
    Tu n’auras qu’à faire accuser cet idiot de frisé, Étienne. Ça fera peut-être sortir l’autre geek qui se prend pour un rat dans son trou et qui joue à cache-cache avec Plume Gamma depuis deux semaines.
    Surveille également Ambre. Je pense que ce serait la dernière qui pourrait nous rejoindre -de gré, ou de force. Elle nous sera très utile si les autres parviennent à comploter dans notre dos.
    Une équipe de trois qui fait plier un lycée entier... Si tu savais ce que j’aime ça...
    Surveille également les fantômes, et continue de jouer les folles. Les renseignements sont précieux.

    Plume »

    Corentin n’avait pas l’air convaincu.

     

    - Tu aurais aussi bien pu écrire ça tout seul.
    - Je sais. C’est pour ça que je vais demander à Eileen de nous montrer son poignet.


    Un air inquiet sur le visage, la jeune fille obtempéra, révélant une montre et un bracelet.

     

    - Vous trouverez le nom de Night inscrit sur son bracelet.
    - C’est le nom de ma chouette !
    - Et toutes les lettres de Plume dans sa sacoche.

     

    Cette fois-ci, Eileen baissa la tête, pour la relever, un air de défi dans le regard.


    - Très bien. Il a raison. mais pour vous, c’est trop tard. Vous avez perdu !

     

    Amandine gémit presque :

     

    - Pas toi ! Ce n’est pas possible ! Tu...
    - Nous n’avons pas perdu, répliqua Corentin ! Nous sommes trois contre toi ! Une pauvre folle !

     

    Eileen sourit, le visage partagé entre la joie, la fierté et la détermination.

     

    - Je ne suis pas folle. je ne l’ai jamais été. Par contre vous, vous êtes sacrément crédules.
    - Mais tu vois vraiment les fantômes ? demanda Amandine.
    - Oui, c’est bien mon pouvoir, et c’est justement pour cela que l’année dernière, Plume m’a choisie comme lieutenante.

     

    Elle les dévisagea tous un à un.

     

    - Tellement simple... Si facile d’empoisonner Arthur, puis de tous vous tuer, un à un, en rejetant la faute sur les autres. Si facile de sortir Ambre de la salle avant d’aller chercher Faye et Kalian, si amusant de les voir se disputer chaque fois que je semais la zizanie... Plume est fière de moi.
    - Plume ? Cette saleté est toujours en vie ?
    - Et comment... Et vous ne la vaincrez pas.

     

    Corentin vit en un éclair repasser sous ses yeux les morts de tous ses camarades. Il était vrai qu’ils n’avaient pas retrouvés tous les corps. Un traître pouvait encore se cacher parmi eux. Encore...

     

    - On se barre, signala Corentin. Étienne, tu nous ouvres la porte. Je n'ai pas envie de la tuer, J’ai fait suffisamment de morts pour aujourd'hui.

     

    Eileen haussa les épaules, et fit un léger pas de côté. le jeune garçon frisé tira de sa poche une carte magnétique, contenant la code que Lucas lui avait transmis. Soudain, avant d’avoir eu le temps de l’introduire dans la fente, il sentit quelque chose de froid se poser sur sa nuque. Il ne lui fallu pas très longtemps pour identifier le canon d’un pistolet.
    Eileen déclara d’une voix glacée :

     

    - Et maintenant, tu me casses cette carte en deux, ou je tire. Corentin, si j’étais toi, je ne bougerais pas.

     

    Elle avait profité de la concentration de ce dernier sur Étienne pour s’emparer de sa seconde arme.

     

    - Vite, ajouta-t-elle.
    - Dans tes rêves, siffla Étienne entre ses dents.

     

    D’un geste vif, il enfonça la carte dans le lecteur. Eileen n’attendit pas une seconde de plus, et appuya sur la détente. Le jeune homme s’écroula, le même sourire idiot sur le visage.

     

    - Tu vas payer ! Cria Corentin en se ruant sur elle.
    - Ne la tue pas, protesta Amandine. Elle peut nous donner l’identité de Plume !
    - Elle vient de tuer Étienne !
    - Mais cette information pourrait nous sauver la vie !

     

    Il lança à Eileen un regard haineux.

     

    - C’est toi qui à intérêt à cracher ce nom, vite !

     

    Eileen souriait encore, plus que jamais. Corentin tira une première fois, tranchant net l’une de ses deux couettes, puis une seconde pour l’autre.

     

    - La prochaine est dans ta gorge. Parle !

     

    Night releva lentement l’arme qu’elle tenait toujours, et en posa le canon sur son propre cœur.

     

    - Non, répondit-elle gentiment.

     

    De nouveau, elle tira.
    Ses yeux soudain perdirent tout leur éclat, et elle s’écroula dans l’herbe, une immense tache rouge se répandant sous sa poitrine à l’endroit de la blessure.
    Corentin, devant le portail désormais ouvert, avait retrouvé son calme intérieur même si ses mains tremblaient. Il se rapprocha d’Amandine, qui semblait sous le choc.

     

    - C’est fini.
    - Nous ne savons pas qui est Plu...
    - On s’en moque. Nous, on s’en va, on sera à l’abri. C’est fini.

     

    Lui souriant, il lui prit la main, et l’entraîna hors de l’enceinte.

     


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